La situation à Kisangani, autrefois vibrante troisième ville de la République démocratique du Congo, est devenue un cri silencieux, une agonie progressive qui se déroule dans l’obscurité. L’Honorable Laddy Yangotikala Senga, député national, élu de Kisangani, et voix de cette cité en déclin, exprime avec une force poignante le désespoir de ses électeurs, les « Boyomaises et Boyomais », qui voient leur ville se désagréger faute d’une ressource vitale : l’électricité. Ce parlementaire s’est exprimé sur cette question lors de son intervention dans l’émission « Politiquons RDC».
« Kisangani est la troisième ville du pays. Mais aujourd’hui Kisangani se meurt. Il est en train de croupir dans un noir profond. Si vous arrivez à Kisangani, vous allez poser la question à n’importe qui c’est quoi le besoin de la ville de Kisangani, l’on vous dira le besoin de la ville de Kisangani c’est d’ordre électrique. Les Boyomais et les Boyomaises n’ont pas besoin d’autre chose que de l’électricité parce que toute la ville est en train de baigner dans noir », s’indigne cet élu du peuple.
Pour lui, la décision de construire une nouvelle prison centrale à Kisangani, bien que justifiée par la vétusté des infrastructures pénitentiaires à l’échelle nationale, relève d’une incompréhension profonde des priorités locales. Ce n’est pas une prison dont Kisangani a besoin, mais de lumière, de courant électrique qui alimente les foyers, les entreprises, les écoles, les hôpitaux, et qui permet à une ville de fonctionner, de vivre, de se développer.
L’absence chronique d’électricité à Kisangani est un carcan qui étouffe toute perspective de relance économique et sociale, un fardeau qui pèse lourdement sur le quotidien des citoyens, les plongeant dans une précarité énergétique qui les éloigne toujours plus d’un avenir meilleur.
L’honorable Laddy Yangotikala Senga rappelle avec amertume les espoirs déçus, les promesses non tenues. Au début du premier mandat du président Félix-Antoine Tshisekedi, des solutions avaient été envisagées pour pallier le déficit énergétique de Kisangani, en collaboration avec l’ancien directeur général de la Société Nationale d’Électricité (SNEL). Des propositions concrètes, émanant de la connaissance intime des besoins de la population, avaient été soumises au Chef de l’État, validées au niveau gouvernemental.
Ces initiatives, porteuses d’espoir, laissaient entrevoir une possible renaissance énergétique pour Kisangani, un retour progressif à une normalité qui aurait permis à la ville de se relever de ses difficultés. Cependant, ces espoirs se sont évanouis, laissant place à un sentiment d’abandon et de colère.Un épisode particulièrement révélateur de la déconnexion entre les décisions nationales et les réalités locales a été l’indemnisation des victimes de la guerre des six jours de Kisangani. Dans ce contexte de reconstruction et de deuil, les Boyomaises et les Boyomais, unis dans leur souffrance, avaient exprimé un vœu clair au ministre de la Justice et garde des sceaux, Constant Mutamba. Ils avaient demandé que les fonds alloués à l’indemnisation soient partagés, une partie pour soulager les souffrances des victimes, l’autre pour réhabiliter le réseau électrique de la ville, répondant ainsi à un besoin fondamental et transversal. Cette requête, marquée de sagesse et de pragmatisme, avait été ignorée.
Le ministre Mutamba, dans une décision qui a profondément choqué les habitants de Kisangani, a choisi de privilégier d’autres priorités, ignorant les besoins urgents de la population. Laddy Yangotikala Senga, apprenant comme tout le monde l’existence du projet de construction de la prison centrale de Kisangani via les réseaux sociaux, exprime son indignation face à cette absence de consultation et de prise en compte des besoins exprimés par la population. Pour lui, cette décision est une insulte à la mémoire des victimes de la guerre des six jours et un signe de mépris envers les habitants de Kisangani, qui se sentent une fois de plus marginalisés et oubliés.
Il est impératif, selon lui, de réévaluer les priorités et de placer l’électrification de Kisangani au sommet des urgences, afin de permettre à cette ville historique de retrouver sa dignité et d’offrir un avenir meilleur à ses habitants.
David MUTEBA KADIMA et KAKULE MUSO